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Des(habillés)



Souvent, même quand ils sont nus, je trouve les gens habillés : leur visage semble vêtu, de pensées, de croyances culturelles, d’interdictions, de hontes et d’émotions emprisonnées depuis si longtemps qu’elles sont devenues épaisses et presque opaques, comme un vêtement, constamment là, que je vois, comme le nez au milieu de la figure.

Ça peut être déroutant parce que c’est là sans vraiment se montrer, je ne sais jamais si d’autres le voient aussi.


Jusque maintenant j’avais envie de le leur dire, à ces gens, de déchirer ce tissu de peurs qui ne se voit pas à l’œil nu, je voulais leur dire que je le voyais moi, qu’ils ne me la faisaient pas à moi ! Que leur vraie nature était autre et que c’était si clair ! Et j’étais enragée de voir que eux semblaient réussir leur vie, et que beaucoup ne voyaient même pas ce que je voyais d'eux et se laissaient complètement prendre par leur tour de passe-passe inconscient.


Je voulais le leur dire, que moi je le voyais, pour plusieurs raisons. Ces raisons c’étaient mes vêtements à moi : moi j'avais l'impression d'être un échec sur pattes, sans réels amis présents, et je ne comprenais pas pourquoi eux semblaient tout avoir, je pensais qu’il y avait quelque chose de fondamentalement bloqué en moi. Mais aussi je pensais que ma valeur dépendait de ce que je savais faire alors je voulais la montrer à tout le monde, ma vision perçante des autres. Et enfin, je n’étais pas sûre de vouloir vivre ici donc quand cela me sautait à la figure comme une mélodie qui sonne faux sur les accords de l’âme de ces gens, cela confirmai